L’espoir (2): résister au désespoir avec Starhawk

Le texte de l’épisode

Pour accompagner et prolonger votre écoute, vous pouvez télécharger et imprimer le texte de cet épisode n°8 (saison 2), soigneusement mis en page par Hélène Francqueville.

Citations complémentaires de Starhawk, extraites de Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique.

Le pouvoir-du-dedans

« Quand vous sentez-vous sans pouvoir ? Quand avez-vous le sentiment de votre pouvoir ? » demandons-nous les unes aux autres.
« En donnant naissance à mon bébé, j’ai senti un pouvoir à ce moment-là…», « En plantant mon jardin, ou en tissant… », « Quand je peux m’exprimer vraiment, et dire ce que je sens réellement », « En organisant une manifestation, en distribuant les tracts et envoyant tant de monde y venir », « Quand je me joins à d’autres personnes pour travailler ensemble, c’est là que je sens du pouvoir », « Quand je fais ce que j’ai peur de faire ».

Le principe de la canette de bière

« Il y a environ dix ans, mon amie Mary et moi avions l’habitude d’emmener son petit garçon Bill à la campagne au nord de Los Angeles, dans un endroit où nous pouvions faire du vélo le long d’un torrent et marcher sous les chênes verts. Le même endroit était fréquenté par des adolescents du pays qui salissent le torrent en y jetant des canettes vides et des détritus. Mary apportait toujours de grands sacs-poubelle. Quand nous partions, nous les remplissions de canettes. Nos efforts ne changeaient pas grand-chose, et un jour j’ai demandé à Mary pourquoi s’en faire.
« Je sais que nous ne pouvons pas tout nettoyer, répondit-elle, mais je crois que c’est important d’enlever les ordures sur son passage. »
Le principe de la canette de bière, comme je l’ai appelé, m’a servi de boussole éthique pour ne pas sombrer dans cette société pleine d’exploitation, de pollution et de destruction. C’est un bon point de départ pour discuter de l’éthique de la magie. Contre les religions et cultures fondées sur l’immanence, un préjugé commun dit qu’elles n’ont pas d’éthique ou de conception de la justice. Car la culture occidentale fonde son éthique et sa justice sur des histoires de mise à distance. (…) 

« Une bonne personne ramasse les canettes de bière, murmure la haine de soi. Si tu ne ramasses pas, tu es mauvaise. Tu brises les règles. Tu tomberas hors du cercle des élus. Un terrible jugement t’attend. L’éthique de l’immanence n’a rien à voir avec la culpabilité. Elle est basée sur la fierté, non sur la culpabilité. Je ramasse les canettes non pas parce que je me sens moche de ne pas le faire, mais parce que je sens mon pouvoir (empowered) quand je le fais. Je vois que le lit du torrent est plus beau, et je me sens fière d’avoir produit ce changement, aussi petit soit-il. »

La magie comme « art de transformer la conscience à volonté »

« D’après cette conception, la magie inclut la politique, qui a pour but le changement de la conscience et par conséquent la conduite du changement. La magie est un autre mot qui met les gens mal à l’aise, aussi je l’utilise délibérément car les mots avec lesquels on se sent bien, les mots qui paraissent acceptables, rationnels, scientifiques et intellectuellement fiables, le sont précisément parce qu’ils font partie de la langue de la mise à distance.
La magie peut être très prosaïque. Un tract, un procès, une manifestation ou une grève peuvent changer la conscience. La magie peut aussi être ésotérique, mobiliser toutes les anciennes techniques qui visent à élargir la conscience, développer l’expérience psychique, aiguiser l’intuition.
(…) Quand nous pratiquons la magie, nous sommes toujours en train de faire des connexions, de déplacer des énergies, de nous identifier à d’autres formes d’être. (…) La conscience donne forme à la réalité ; la réalité donne forme à la conscience. »

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