Revoir la mer

Quelle joie plus grande que celle d’un sentiment de liberté partagé ? Il y a un plaisir spontané, pour ainsi dire physiologique, à éprouver le contraste d’un empêchement qui cesse, d’un obstacle qui se lève. La Boétie y voyait la preuve que nous sommes fait·es pour être libres : toute forme d’enchaînement, d’enfermement est d’abord vécue comme douloureuse, comme on l’observe chez les animaux. 

Ces plaisirs spontanés s’intensifient – à mes yeux – jusqu’à la joie lorsqu’ils sont l’occasion d’une expérience synchrone avec des êtres qui nous sont proches. Non simplement parce que tout plaisir en général serait décuplé par la présence d’un être cher. Mais parce que le sentiment de liberté est davantage que l’expérience fugace d’un non-empêchement. Il fait ressentir à quel point un monde d’êtres libres est désirable et possible. Il nous rappelle que la joie partagée (l’amour ?) s’enracine dans l’expérience commune d’une liberté maintenue ou reconquise. 

Aujourd’hui, après cet hiver immobilisé, mon sentiment de libération avait le parfum de la mer et les rires de mes filles. 

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