Radiographie

Les choses les plus belles sont dans la plupart des cas entièrement cachées.
J’aime ces gens, je les rends beaux car je les rends honnêtes. Pina Bausch

La justesse de cette pensée de Pina Bausch, du lien entre la beauté et l’honnêteté, en somme de son programme artistique. Permettre aux danseuses et danseurs de se décharger des automatismes académiques, de leur superficialité, pour traduire en des gestes singuliers ce qui est ordinairement caché, beau. Fastidieux travail, comme en témoignent le danseurs et danseuses de la compagnie : retrouver le mouvement de sa propre sensibilité et traduire la réalité vécue en gestes requiert un effort intense. 

L’honnêteté : non seulement le souci du vrai, mais le risque de le partager. Parce qu’on ne peut pas créer cette beauté-là sans ressentir un risque collatéral. Raison pour laquelle il est rare d’oser se relier à l’autre en restant honnête, ou plutôt en le devenant.

Cette discrétion du beau m’a récemment émerveillée dans les radiographies des sculptures en tissu de Simone Pheulpin qui donnent à percevoir l’ossature d’aiguilles nichées dans le tissu.

C’est une quête artistique. Mais au-delà, déclinée sous des registres variés, c’est ce qui rend la vie passionnante. Trouver des chemins quels qu’ils soient pour accéder à la beauté de ce qui est caché, radiographier le réel au sens large, tenter de comprendre ce qui fait la chair de nos perceptions, et faire de cette quête le motif – affectif, éthique, musical – d’une relation aux autres.

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