Dans le train

  • Je me redisais hier, et ce midi : un système est ce qu’on ne peut critiquer sans se contredire. Une définition minimale peut-être ? En d’autres termes, ce qui fait système n’est efficace comme tel que parce que je ne peux le contester concrètement qu’en restant incohérent·e (polluer pour lutter contre la pollution, mobiliser un vocabulaire patriarcal pour le déconstruire, etc.). La conscience de cet aspect pratique invite à l’humilité, là où les brillantes critiques des systèmes se posent souvent en extériorité. Les personnes qui les dressent occultent souvent de leur ton et de leur propos qu’elles sont elles aussi nécessairement assujetties au système qu’elles déconstruisent. Bref, s’il y a système, on ne peut que s’efforcer de réduire nos contradictions performatives (par l’action), sans jamais parvenir à la cohérence. Le fantasme de la pureté, de la belle âme pour reprendre la formule hégélienne. Cela n’empêche pas la résistance comme telle : on ne résiste qu’en assumant la réalité de la force contraire (donc on ne critique pertinemment qu’en assumant la nécessité de l’autocritique).
    Un corollaire : en prenant conscience de ses propres contradictions, on peut remonter vers les normes du système social dans lequel on vit.
    Judith Butler souligne judicieusement que ce qui est intéressant dans le travail sur les normes, c’est d’observer là où on échoue à les intégrer aussi bien qu’on le devrait / voudrait. 
  • Ce matin, le plaisir d’ouvrir la boutique (les bureaux /ut7) et les volets menant vers la belle cour intérieure, soigneusement verdie par Sébastien, le gardien de l’immeuble (voir photo ci-dessous)
  • D’ailleurs, ça y est, on a publié mon premier billet du blog /ut7, mon nouveau labo !
  • Une réflexion stimulée par une histoire racontée ce midi : elle concerne les projets collectifs (même de très petite échelle) commencés mais inaboutis pour cause de désaccord. Que fait-on dans nos vies des stigmates que ces abandons laissent dans notre environnement et que je ressens comme d’imperceptibles sources de tristesse ? Mon train arrive à Lille. J’essaierai de reprendre ce point.

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