Itaewon

Désastre, accident, horreur, tragédie, catastrophe, cauchemar… Ce qu’on appelle plus factuellement la bousculade meurtrière de Séoul poursuit la litanie sans fin des événements impensables. Qu’autant de personnes meurent piétinées par d’autres êtres humains qui n’étaient pas leurs ennemis, mais au contraire leurs partenaires de fête relève d’une absurdité innommable, irreprésentable. Absurdes comme tant d’événements historiques, par la disproportion entre l’ampleur de leur violence destructrice et le caractère quasi-imperceptible de leur causalité initiale. La négligence révélée de la police n’absorbera pas cette disproportion. Elle ne la rendra pas rationnelle. Rien ne rendra raison de ces morts qui n’auraient jamais dû survenir. 

Aussi inutiles ou impertinents soient nos commentaires, il faut assumer une solidaire sidération plutôt que d’enfiler une indifférence cynique. Mais à cette raison morale de reconnaître sa compassion s’en ajoute une autre, plus personnelle et contingente. Depuis trois mois, j’éprouve tant de joie à la découverte de la culture sud-coréenne et de sa langue. J’ai rapproché ma maison et mon cœur de Séoul. Alors, comme pour tant de gens dans le monde, les suffocations d’Itaewon résonnent dans les rues avec une insupportable douleur que les kilomètres n’estompent pas. 

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