J’y pensais depuis quelques temps… C’est à l’Agile Open France que j’ai pu le tenter.
Explorer une méthode d’inventivité philosophique qui, en repartant des expériences singulières et émotionnelles (donc contradictoires) de chacun·e, permette de penser en s’écartant des normes de la domination intellectuelle. Penser philosophiquement, en acte, c’est-à-dire sans chercher à avoir raison, ni se justifier, ni expliquer, ni dominer, ni répéter. Sans trahir ni aplatir ce que nous vivons. Penser sans nier l’incertitude de ce qui nous donne à penser.
8 penseurs volontaires se sont prêtés à un premier exercice.
La consigne : durant 20 minutes, écrire les émotions contradictoires et formuler l’étonnement qu’elles suscitent à partir d’un mot-clé : MERCI. En recourant aux images et aux associations d’idées, et en écartant tout ce qu’on pense savoir ou devoir savoir.
À l’issue de ces vingt minutes, je collectais cette matière brute, à savoir les mots écrits « au brouillon » par chacun, puis prenais deux heures pour composer un texte à partir de ce que j’y prélevais. Le résultat ci-dessous ne comporte qu’une dizaine de mots ajoutés à ceux des participants. En revanche, tout a été coupé et déplacé pour donner cette proposition chorégraphique de mots.
L’inspiration de cet exercice : appliquer à la pensée des exercices de Pina Bausch. À partir de mots-clés ou de questions ouvertes qu’elle posait à ses danseuses et danseurs, elle prélevait dans leurs propositions les gestes qui la touchaient pour les chorégraphier dans un ensemble inattendu, qui exprime la réalité humaine.
Voici le texte composé en un temps très limité, en audio et en pdf.
Au lieu de recourir au procédé artificiel de la problématisation, les participants ont touché comme de l’intérieur ce qui fait le nerf d’un problème philosophique : sa part existentielle d’impossible et d’insoluble. L’implication et les retours des participants m’ont beaucoup touchée. À suivre.
Très beau texte. Une chorégraphie philosophique, je n’aurais envisagé ni l’expression, ni le passage à l’acte. Mais, oui, ça marche. Dans un sens, avec du sens, sans sens, sensé, insensé, joyeux et triste à la fois. Que dire d’autre… Merci pour ça… pour l’idée, pour le partage… Merci aux pensées, aux mouvements, aux mots, au monde… Oui, merci…
C’est une grande joie de s’efforcer de repousser les étouffoirs de la pensée et de le faire collectivement ! Merci à toi pour ta réponse sensible et pour ta confiance en cette nouvelle année du séminaire qui commence.