Retrouver mon bureau. Discuter, bricoler, jouer avec mes collègues / amis. Revoir l’équipe du séminaire de Simone en hybridant zoom et /ut7. Reprendre notre chantier un peu fou de pensée chorale. Dîner et aller au théâtre avec d’autres ami·es. Respirer la rassurante effervescence culturelle. Marcher boulevard Arago à 1h du matin avec les sonates de Schubert dans les oreilles etc. Quelle joie de retourner plusieurs jours à Paris après deux-trois mois d’immobilité post-opératoire ! J’ai préféré cette semaine faire patienter ces carnets. M’en remettre ponctuellement à toutes ces sphères de contact au lieu de me retirer pour écrire.
Autant de reprises (la marche, les trajets, et tout ce que ça permet de vivre avec les autres), qui n’en sont pas tout à fait. Reprendre n’est jamais répéter. On se transforme toujours un peu. À plus forte raison sans doute quand on a perçu un instant la mort sous un ironique pare-choc.
On a beau reprendre, rien ne s’était vraiment arrêté : on a continué de vivre, de changer, d’apprendre, d’augmenter ou renforcer la mémoire de nos désirs et de nos craintes, qu’on le veuille ou qu’on le dénie. Qu’on s’en réjouisse et/ou qu’on s’en plaigne. Simplement, on dit qu’on reprend, parce qu’on recrée des conditions d’expérience (contexte, rythme, activité) un temps suspendues pour nous.
Au fond, cette semaine, je n’ai pas eu le sentiment de reprendre. Mais de repriser. Raccommoder, rassembler du nouveau et de l’ancien. En rapiéçant des possibilités de vie qui m’avait manqué dans mon confinement forcé. Mieux que la répétition : le plaisir réparateur des nouvelles expériences qui nous font sentir chez nous ailleurs que dans la solitude.