Une limite fréquente de l’esprit critique : réduire la contradiction à sa fonction invalidante. Au lieu de s’intéresser à elle.
Soit l’énoncé A.
Or, l’énoncé contraire B est aussi valide.
Donc A est faux et/ou incohérent.
Croire en l’impossibilité pour A et B d’être à la fois contradictoires et pertinents (principe du tiers-exclu chez Aristote) nous empêche de penser et de mieux comprendre. Dans la réalité, les contradictions sont liées de façon dynamique. Elles sont solidaires. Ou dit autrement, une même action peut générer des effets contradictoires. Et ce n’est pas parce que l’un de ses effets semble contraire à un autre qu’il faille en dénier un des deux.
Plus encore, si l’on choisit d’accepter que les contradictions ou incohérences sont dignes d’intérêt, voire indiquent ce qui gagne à être compris dans le réel (au lieu de les rejeter au nom des disjonctions intellectuelles simplificatrices), alors nous n’avons plus besoin de dénigrer A : on peut s’efforcer de penser comment A et B sont compossibles.
J’essaierai demain d’illustrer un aspect de cette idée, avec un exemple tiré d’un de mes sujets de prédilection du moment : les dramas coréens !